Théodore AUBANEL ( 1829 - 1893 )

    Né le 26 mars 1829 en Avignon, Théodore Aubanel est un des sept membres fondateurs du Félibrige aux côtés de Paul Giera, Anselme Mathieu, Alphonse Tavan, Jean Brunet, Frédéric Mistral & Joseph Roumanille. Théodore Aubanel est surtout un des plus actifs avec Frédéric Mistral & Joseph Roumanille. Poète lyrique, Aubanel écrit en provençal et participe à la renaissance de la langue provençale. Il était sans aucun doute le plus doué des jeunes poètes du Félibrige au côté de Frédéric Mistral.

    Théodore Aubanel est issu d'une famille d'imprimeur ayant le titre d'imprimerie du Pape. Catholique et pratiquant, il rencontre Joseph Roumanille lors des réunions de la société de la Foi. Même si dans cette famille bourgeoise on ne parle que peu le provençal, Théodore Aubanel s'aperçoit que cette langue est vivante tout autour de lui : dans les moindres ruelles d'Avignon, dans les campagnes d'Avignon et même dans sa maison où un vieil oncle s'obstine à ne pas parler autrement. C'est Joseph Roumanille qui lui fait rencontrer Frédéric Mistral et Anselme Mathieu, avec lesquels ils se réunissent souvent au château de Font-Ségugne, résidence de Paul Giera, pour écrire des vers et des chansons, en provençal. Il rencontrera lors de se réunions la cousine des Giera, Mademoiselle Jenny Manivet, qu'il va aimer et qu'il va chanter sous le nom de Zani. De ces réunions naîtra le Félibrige, en 1854, dont Aubanel sera un des trois piliers, avec Mistral et Roumanille.

    Cette rencontre avec celle qu'il nommera Zani, va inspirer Aubanel dans ses écritures de poésies amoureuses. Mais, contrairement à ce que les critiques ont longtemps pensé, l'éveil de la poésie chez Aubanel commence avant cette rencontre. Ce qui va tromper ces critiques, c'est la disposition du recueil La mióugrano entreduberto, publié en 1860. En effet, la chronologie d'écriture a été inversée par Aubanel, sur les conseils de son ami Mistral -qui écrira la préface du recueil-, afin de donner meilleure présentation au public de son recueil. Ce dernier s'ouvre alors sur  Livre de l'amour qui a été écrit après le Livre de la Mort, d'où sont tirées les premières poésies d'Aubanel, et qui seront publiées en 1852 par Roumanille dans Li Prouvencalo. Entre l'écriture de ses deux parties de son recueil, composé en fait de trois parties, Aubanel aura une crise d'idéalisme amoureux, durant laquelle il versera dans l'écriture de vers exquis et douloureux. Malgré un accueil réussit de la part du monde littéraire, ce recueil fâche Aubanel avec le monde catholique et met ainsi en danger l'imprimerie familiale, très liée avec les catholiques Avignonnais. En effet, l'Eglise n'apprécie que très peu ces vers qui voilent la pureté et le mysticisme. Aubanel compose ensuite plusieurs drames brûlants dont un seul nous parviendra complet Lou Pan dóu Pecat en 1882.

    Aubanel se fâche avec Roumanille en 1878, où moment ou le Félibrige est accusé de séparatisme par certains journaux. Aubanel quitte alors le mouvement au début des années 1880. Li fiho d'Avignoun  est publié en 1885 dans un anonymat quasiment unanime, mais montre qu'Aubanel est encore malgré tout un Félibre convaincu. Mais ce recueil sensuel lui vaut cette fois la mise à l'écart par l'archevêché. Il est mandé par l'évêque qui lui demande de retirer cet ouvrage. Aubanel s'exécute et cette sanction le démotive dans la conception de ses deux ouvrages en cours, Lou Pastre (le pâtre) et Lou Raubatóri (le ravisseur), drames d'égales violences qui seront regroupés après sa mort sous le même titre Lou Rèire-Soulèu (le soleil d'outre tombe), qui sera publié en 1899, trois ans après la mort de Théodore Aubanel.

    Bien entendu, Aubanel aura participé de manière conséquente dans l'activité du Félibrige, à l'élaboration de l'Armana. Il aura été Capoulié après Roumanille et Mistral. Théodore Aubanel, lié d'amitié avec d'autres écrivains tels Alphonse Daudet et Paul Arène, restera placé entre Mistral & Roumanille dans l'opinion publique comme un des trois piliers du renouveau de la culture provençale.

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